MAURICE CARÊME,
TRADUCTEUR DES POÈTES DE FLANDRE
- ANTHOLOGIE DE
LA POESIE NEERLANDAISE – Belgique 1830 – 1966
Editions Aubier Montaigne – Asedi, 1967
- LES ETOILES DE
LA POESIE DE FLANDRE – Guido Gezelle – Karel van de Woestijne – Jan van Nijlen –
Paul van Ostayen
La
Renaissance du livre, 1973
A l’époque, j’étais étudiant en philologie, et Carême m’a demandé, non que je
l’assiste, c’est un grand mot, mais que je lise avec lui les traductions de ces
poèmes néerlandais. C’est là que j’ai pu voir pour la première fois à l’œuvre
une chose que l’on retrouve chez les traducteurs littéraires importants : ce que
l’on pourrait appeler la traduction créatrice.
Maurice Carême
avait le souci essentiel de produire chez les lecteurs d’une traduction le même
effet que celui que pouvait avoir perçu le lecteur du poème original. Cela
supposait de sa part un exercice extrêmement fin et très honnête de la liberté
d’interprétation, puisque ce qui lui importait c’était de trouver les
équivalences parfaites des signes poétiques qu’il avait repérés dans le texte de
départ, mais en procédant parfois à des répartitions différentes, des
équilibrages. Quelque chose qui était très loin de l’original était compensé un
peu plus loin par quelque chose qui en était extrêmement proche et ainsi de
suite.
Je dois dire que
sur certains poèmes, en particulier, ceux de Gezelle – pour lequel il avait une
vénération extraordinaire, tout à fait compréhensible, d’ailleurs – ce travail a
été merveilleux. (…) Une chose qu’il faut rappeler à propos de Carême, c’est
qu’il était un styliste d’une conscience, d’une précision, d’une autorité
exceptionnelles et d’autant plus éblouissantes que, justement, il ne cherchait
jamais que cela se voie trop.
JACQUES DE DECKER
LE MERVEILLEUX
SELON MAURICE CARÊME, in MAURICE CARÊME OU
LA CLARTÉ PROFONDE, 1992
MELOPEE
Sous la lune
glisse la longue rivière
Sur la longue
rivière glisse lasse la lune
Sous la lune
sur la longue rivière
Le canot glisse
vers la mer
Le long des
hauts roseaux
le long des
prairies basses
le canot glisse
vers la mer
le canot glisse
et passe
avec la
glissante lune lasse vers la mer
Ainsi l’homme
la lune le canot
glissent-ils
glissants compagnons vers la mer
Pourquoi la
lune et l’homme glissent-ils
ensemble
dociles
sur la rivière
vers la mer
PAUL VAN OSTAYEN
PREMIER LIVRE DE SCHMOLL
Poème © Fondation
Maurice Carême
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