ORVAL
SEJOURS : Pentecôte 1954, juillet et août de 1954 à 1970
Abbaye Notre-Dame d'Orval : cour des retraitants
© Editions d'Orval
ORVAL
C’est un pays
de bois,
C’est un pays de roches,
On y entend les cloches
A une lieue de là.
Sur l’horizon
étroit,
Parfois, l’on aperçoit
Le blanc profil d’un moine
Marchant vers les avoines.
Tout y vit
comme pris
Dans l’ombre des taillis.
Seul y luit le renard,
Seule y meurt la perdrix.
Mais on dit que
le soir,
A complies, on peut voir
Le ciel, à l’abbaye,
Ramener ses brebis.
SAC AU DOS
Maurice Carême sortant de l'abbaye d'Orval
MARIE
Être si simple,
être si pauvre
Qu’on serait
près de vous, Marie,
Dans une
cuisine bleuie
Par l’ombre en
prière d’un saule ;
Être près de
vous, plus caché
Que ne l’était
aux yeux du monde,
Sous le rabot
du charpentier,
Un copeau de
lumière blonde ;
Avoir le cœur
si dépouillé
Qu’on puisse
vous imaginer
Coupant le
pain, versant le vin
Et levant
doucement les mains
Pour frotter
votre tablier
D’où les
miettes tombent sans fin.
HEURE DE GRÂCE
Abbaye Notre-Dame d'Orval : entrée du monastère
© Editions d'Orval
COMPLAINTE DU MOINE MOURANT
Couché dans sa
robe de bure,
Il a déjà sur la figure
Le sourire mystérieux
De ceux qui parlent avec Dieu.
Vaguement
d’ailleurs, il devine
Que ces coteaux couverts de blé
Ne faisaient que dissimuler
Les premières prairies divines.
Il voit
s’argenter le ruisseau
Où les génisses viennent boire,
Chanter en chœur les eupatoires
Et se mettre en croix les roseaux.
Et, surpris
d’être si heureux,
Il se laisse soudain glisser
Comme un fruit mûr et lumineux
Dans la paume ouverte de Dieu.
COMPLAINTES
Maurice Carême rentrant à l'abbaye d'Orval
photos de Jeannine
Burny et poèmes :
© Fondation Maurice Carême |